Quelle est l’histoire du bistouri, cet instrument incontournable de toute chirurgie ?
C'est l'outil de travail indispensable de tout chirurgien. Traitement d'un ulcère gastrique perforé, opération de l'aorte, drainage thoracique, incision des artères coronaires ou encore ablation d'un kyste sébacé... quelle que soit l'intervention, le bistouri est l'instrument par excellence de la chirurgie.
Mais depuis quand existe-t-il ? Quels sont ses ancêtres ? Qui a contribué à sa renommée ? Petit point historique !
Comment incisait-on à l’époque de la préhistoire ?
La chirurgie existait déjà à la Préhistoire : tel est le constat établi par les chercheurs à partir d’ossements et d’outils découverts par des archéologues.
En effet, des traces d’obturations dentaires ont été trouvées en Italie sur les dents d’un squelette de plus de 14.000 ans.
Au Pakistan, des dents datées de 7500 à 9000 ans présentant des cavités artificielles comblées de plantes (opium, éphédra) sont le signe que les hommes préhistoriques utilisaient des outils chirurgicaux.
Plus près de chez nous, en région parisienne, un squelette avec l’avant-bras scié intentionnellement prouve qu’il y a 7000 ans, un être humain a subi une amputation.
Quel était l’instrument chirurgical des hommes préhistoriques ? Vraisemblablement, il s’agirait du silex.
Le silex taillé serait ainsi l’ancêtre du trépan, de la fraise dentaire et du bistouri !
Et plus tard ?
Durant l’Antiquité, la chirurgie se résume à des actes sommaires (extraction de flèches, excision des tissus nécrotiques…) qui répondent aux besoins de l’armée, des combats de gladiateurs et des jeux de cirque. L’étude anatomique, alors interdite sur l’homme, se concentre sur les animaux. Les instruments chirugicaux de l’époque sont en bronze, en fer ou en argent. On trouve ainsi des objets tranchants, pointus et courbés dans ces matériaux, qui permettent de réaliser des actes chirurgicaux : curette, perceuse, pince, mais également l’équivalent de notre bistouri actuel.
Ensuite, au Moyen-Âge, ces mêmes instruments continuent à être utilisés, mais ils sont à présent conçus en fer forgé. A cette époque, la pratique chirurgicale est charlatanique et est mal vue par l’Eglise. Elle est alors exercée par les barbiers, qui manipulent du matériel tranchant servant aussi bien à raser qu’à inciser la peau.
C’est à la Renaissance que la chirurgie connaît un renouveau. Son expansion est accélérée, entre autres, par le développement des armes à feu et les blessures qu’elles entraînent. De plus, l’imprimerie permet de mieux diffuser les différentes techniques et connaissances chirurgicales et anatomiques. Des personnalités comme Léonard de Vinci et Ambroise Paré relancent études anatomiques et dissections, redonnant à la chirurgie ses lettres de noblesse.
En outre, c’est à cette époque que le bistouri, alors appelé « lancette », prend la forme qu’on lui connaît actuellement.
D’où vient le bistouri ?
C’est dans l’ouvrage du chirurgien et anatomiste Ambroise Paré « Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instruments nécessaires à icelle » édité en 1564, que le mot « bistouri » apparaît pour la toute première fois.
Il faut se rendre en Italie pour trouver l’éthymologie du mot « bistouri ». En effet, la petite ville toscane de Pistoia est alors célèbre pour l’excellente qualité de ses armes blanches mais aussi de ses lames que les chirurgiens européens achètent pour effectuer leurs incisions. Les légendaires coûteaux et poignards qu’on s’y procurait étaient appelés « bisturino », mot lui-même dérivé de « pistorino » qui signifie « originaire de Pistoia ».
De fil en aiguille, le langage oral a transformé « bisturino » en « bistouri ».
Ambroise Paré a ainsi contribué à la démocratisation du bistouri. Ce grand chirurgien français est également à l’origine de nombreuses inventions (notamment instruments pour la cautérisation des plaies) qui ont révolutionné l’instrumentation médicale. Chirurgien des rois et vulgarisateur à travers cours et livres, il est considéré comme le père de la chirurgie moderne.
Ce qu’il faut retenir
- L’ancêtre du bistouri est le silex, utilisé par les hommes préhistoriques pour certains actes chirurgicaux.
- Durant l’Antiquité, on se servait d’un instrument chirurgical tranchant en bronze, en fer ou en argent qui présente de nombreuses similitudes avec notre bistouri actuel.
- Au Moyen-Âge, c’est en fer forgé que sont conçus les outils chirurgicaux.
- C’est à la Renaissance que le bistouri se démocratise, grâce à Ambroise Paré qui en fait mention dans un ouvrage.
- Le mot « bistouri » trouve ses origines dans la ville italienne de Pistoia, qui fabriquait des lames et objets tranchants.
Conclusion : si le bistouri ne date pas d’hier, sa forme et son matériau ont bien évolué. Popularisé par Ambroise Paré, ce matériel médical est aujourd’hui l’outil incontournable de tout chirurgien.