Gel hydroalcoolique : un réel danger ?
Le gel hydroalcoolique virucide, fongicide et bactéricide tue ou inactive les micro-organismes. Ces êtres vivants de taille microscopique peuvent être néfastes ou bons pour la santé. Connus aussi sous le nom de PHA (Produit Hydroalcoolique), la pandémie du Covid-19 nous mène à utiliser ces produits désinfectants très, voire, trop régulièrement.
Il est donc légitime de se poser la question de la dangerosité d'un gel hydroalcoolique lors d'un usage immodéré.
Inefficacité, atteinte à la flore cutanée, absorption de Bisphénol A, ingestion, lésion oculaire ; découvrez les bonnes pratiques quant à l'utilisation de PHA sans danger.
Le risque d’inefficacité
Depuis de début de la pandémie liée à la Covid-19, l’utilisation mondiale de produits hydroalcoolique (PHA) a explosé. Pour faire face à cette demande, de nombreuses références de gels ou de solutions hydroalcooliques sont arrivées sur le marché ces derniers mois. Mais toutes ne seraient pas efficaces, selon la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF).
Dans un communiqué paru le 18 novembre 2020, la DGCCRF informe procéder à des tests sur les différentes références du marché et les résultats appellent à la vigilance. Sur 162 produits hydroalcooliques analysés, 73 % ont été déclarés non conformes (38 % non conformes uniquement et 35% non conformes et dangereux). « Plus précisément, 21 produits (13% des produits analysés) ont présenté une teneur en alcool insuffisante et se sont donc révélés non conformes et dangereux« , peut-on lire dans le communiqué.
L’un des risques majeurs des produits hydroalcooliques est en effet qu’ils ne remplissent pas leur rôle dans la prévention des contaminations transmises par les mains. Pour être efficaces, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) recommande les gels et solutions hydroalcooliques :
- « testés selon la norme NF EN 14476 ou testés sur un virus de la grippe selon la méthodologie de cette norme ». Ces informations doivent figurer sur l’emballage du produit.
- en fonction du taux d’alcool contenu dans le produit. Sont recommandés les gels et solutions à base d’alcool éthylique (ou éthanol), d’alcool propylique ou d’alcool isopropylique. La concentration doit être comprise en 60 et 70 % (ou entre 520 et 630 mg/g). Elle doit aussi figurer sur l’étiquette.
Pour assurer un effet désinfectant, la friction hydroalcoolique doit durer au minimum 30 secondes en utilisant au minimum 3 ml de produit (environ le creux d’une main), être pratiquée sur l’ensemble des surfaces cutanées des mains et des poignets jusqu’à complète évaporation. Les mains doivent être sèches avant l’utilisation du produit hydroalcoolique, sinon l’effet désinfectant s’en voit diminué. Si la peau est sale, il faut procéder avant la désinfection par friction à un lavage à l’eau et au savon. Après une désinfection par friction avec un PHA, il ne faut pas sécher la peau.
Par mesure de précaution, vous pouvez opter pour des produits hydroalcooliques conçus spécialement pour un usage professionnel. Les laboratoires ANIOS proposent plusieurs gammes de gels et de solutions qui peuvent aussi convenir aux particuliers.
Concernant les PHA identifiés comme non conformes ou dangereux par la DGCCRF, ils « font l’objet de suites appropriées, notamment de mesures de retrait et/ou rappel ». Une procédure est lancée au niveau européen pour les produits vendus également dans d’autres pays. Pour consulter la liste régulièrement actualisée des produits hydroalcooliques faisant l’objet d’un rappel, vous pouvez vous rendre sur le site de la DGCCRF.
Atteinte à la flore cutanée
Nous avons deux types de flores cutanées :
- La flore résidente (ou commensale) : des micro-organismes se trouvant dans le film hydrolipidique de la peau de manière permanente. Elle protège des agents pathogènes et donc nous défend. Cette flore est plus fragile chez les personnes âgées ou vulnérables.
- La flore transitoire : elle représente des bactéries qui ne sont pas présentes habituellement sur la peau. Elles peuvent devenir pathogènes si elles pénètrent l’organisme (en passant la barrière cutanée ou en étant ingérées par exemple).
Le gel hydroalcoolique nous protège des organismes pathogènes de la flore transitoire, pouvant causer de graves maladies. Mais les PHA amoindrissent aussi la flore résidente qui participent à nos défenses immunitaires. ce qui nous amène à vous conseiller de privilégier le lavage des mains avec un savon antiseptique si possible. Ce dernier est un bon compromis entre un savon traditionnel et un gel mains hydroalcoolique.
Quant au corps médical, les normes d’hygiène telles que la désinfection chirurgicale doivent être respectées dans un souci de sécurité sanitaire maximale. Selon le Ministère des solidarité et de la santé, les infections nosocomiales, contractées lors d’un séjour dans un établissement de santé ; sont responsables d’environ 4000 décès par an en France et 9 % des décès en Occident !
Prenons du recul : la nature étant bien faite la flore résidente se reforme spontanément et rapidement, l’usage d’un gel hydroalcoolique est donc fortement conseillé dans les cas où vous ne trouvez pas de point d’eau. Il suffit de ne pas en abuser.
Le gel assèche t-il les mains ?
Il y a quelques années, les PHA étaient très irritants pouvant être responsables de gerçures, aujourd’hui les irritations apparaissent surtout à cause d’un lavage de mains trés fréquent. Notre gel hydroalcoolique à l’aloe vera par exemple, nourrie aussi vos mains afin d’éviter les fissures.
Les laboratoires Anios spécialisés dans la production de produits antiseptiques, proposent même des crèmes mains protectrices appréciées par le personnel soignant.
Quelle est l’efficacité des différents produits d’hygiène corporelle ?
La protection dans le temps varie selon si vous utilisez un savon, un savon antiseptique, un gel hydroalcoolique ou une combinaison de ces produits d’hygiène corporelle.
Vous trouverez ci-joint une infographie sur les différentes techniques d’hygiène des mains ainsi que leur efficacité :
Les enfants directement concernés par les dangers des gels antibactériens
Les deux principaux risques sont :
- Les distributeurs de gel hydroalcoolique : automatique, totem et flacon pompe
- Les gels hydroalcooliques de poche parfumés et colorés
Les distributeurs de gel hydroalcoolique et notamment les totems attirent les jeunes enfants jouant à actionner la pédale ou même la pompe. L’alerte a été donnée par l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild qui a constaté en quelques jours l’arrivée d’enfants de moins de 4 ans présentant des lésions oculaires graves. Ces derniers ont dû subir une intervention chirurgicale en urgence.
Les parents doivent donc être vigilants dans les magasins, restaurants et centres commerciaux afin qu’un drame soit évité. Nous vous conseillons de toujours avoir des dosettes de serum physiologique dans votre sac à main ou sac à langer. Rincez abondamment l’oeil afin de limiter au plus vite les séquelles.
Une forte augmentation des intoxications chez l’enfant est à déplorer depuis le confinement. L’ingestion de gel en est une des principales causes : certains aspects ludiques colorés et parfumés donnent envie aux enfants de boire le gel hydroalcoolique. Nous vous conseillons d’acheter un gel hydroalcoolique sans parfum ni colorant ce qui donnera moins envie à vos petits. Surtout, ne les laissez pas à hauteur d’enfant et ne focalisez pas son attention dessus lorsque vous lui désinfectez les mains.
Veillez à ce que les enfants ne portent pas les mains à la bouche après application du gel.
Nous vous conseillons aussi de pomper vous-même le flacon et d’appliquer le gel hydroalcoolique ou la solution hydroalcoolique sur les mains de votre enfant.
Concernant la fragilité de la peau, il n’y a aucun risque si vous respectez les précautions d’emploi. Le seul bémol sera l’action d’atteinte à la flore résidente, dont les enfants ont autant besoins que les adultes d’ailleurs.
Enfin, les enfants attrapent souvent la gastroentérite. Les gels hydroalcooliques sont efficaces face à ce virus. Mais il est également possible de favoriser une action plus mécanique du lavage de mains avec un savon antiseptique.
Pour ce qui est de l’exposition au soleil suite à l’application de SHA (Solution Hydroalcoolique) : c’est la forte concentration d’alcool liée aux effets des UV qui vont augmenter le risque de brûlure. Vous verrez apparaître à long terme une tâche brune d’hyperpigmentation cutanée pouvant même rester quelques années.
Le gel hydroalcoolique peut prendre feu
Un flacon de gel ne peut s’enflammer que s’il est en contact avec une étincelle ou une flamme. En aucun cas un gel hydroalcoolique ne peut prendre feu dans une voiture même garée en plein soleil.
Quelles sont les substances toxiques dans un gel hydroalcoolique ?
Certains déplorent une absorption augmentée de Bisphénol A par la peau, quand celle-ci est en contact avec un objet qui en contient. Cet effet provient de l’alcool des PHA qui augmentent la perméabilité de la peau. Le Bisphénol A est aujourd’hui connu comme étant un perturbateur endocrinien pouvant être la cause de fausses-couches, cancer, affaiblissement du sperme tant sur la qualité que sur la quantité…
D’autres disent même que les gels hydroalcooliques contiennent du Bisphénol A.
Ces idées viennent d’une étude publiée en 2014 sur le site Plos One, un site de recueil de publications scientifiques, de rapports de recherches médicales…. Il a été testé entre autres, l’absorption par la peau et par la suite la passation dans le sang du Bisphénol A et du Bisphénol S.
Les tests prouvent en effet une absorption de BPA et BPS.
Le mode opératoire du test reste cependant à prendre avec recul : il s’agit de mettre une grosse quantité de gel hydroalcoolique étalée sur la main sans attendre qu’il sèche puis d’y coller un ticket de caisse (porteur de BPA ou BPS) pendant un certain temps.
Il est évident que personne dans son quotidien ne va garder un ticket de caisse collé sur sa main enduite de gel hydroalcoolique.
Cette étude nous encourage à bien laisser sécher nos mains avant de manipuler de quelconques objets. Rappelons cependant qu’il reste la meilleure protection contre les virus tels que le coronavirus en ce moment.
Enfin, les PHA contenant plus de 90 % d’alcool ne sont pas forcément efficaces. En effet, l’alcool doit s’allier à l’eau pour dénaturer les protéines. Ne tombez donc pas dans l’excès !
Le réel danger reste dans la mauvaise utilisation du gel
On croit être protégé, mais il n’en est rien, si vous ne respectez pas strictement le mode opératoire pour vous désinfecter vos mains.
Les gels éliminent les germes là où on a appliqué ce dernier. Cela semble évident mais beaucoup n’utilisent pas correctement leur gel antibactérien. Il n’y a rien de plus risqué que de penser que nos mains sont désinfectées puis de porter ses mains au visage sereinement. Voilà pourquoi il existe des caissons pédagogiques formant à l’hygiène des mains comme celui d’Anios.
Ce qu’il faut retenir
- Le gel désinfecte mais ne nettoie pas : vos mains resteront souillées si vous ne les lavez pas au préalable.
- Il ne faut pas désinfecter une plaie avec une solution ou un gel hydroalcoolique.
- Tenir le gel hors de portée des enfants et surveiller à ce qu’ils ne jouent pas avec dans les lieux publics.
- Ne pas appliquer de gel sur des mains mouillées ce qui en diminue drastiquement l’effet.
- Bien laisser sécher ses mains à l’air libre avant de manipuler un objet ou un aliment.
- Il restera toujours une fine couche d’alcool sur vos mains après séchage, attention aux UV.
- Dans la vie quotidienne, préférez le lavage de mains au savon doux antiseptique.
- Dans les établissements de santé, respectez les protocoles d’hygiène et utilisez un gel ou une solution hydroalcoolique. Hydratez-vous les mains avec une crème.
- Ne délaissez pas les autres gestes barrières tels que le port du masque, la distanciation sociale …
Conclusion : le gel restera plus efficace qu’un lavage de mains pour éliminer bactéries et virus. L’antisepsie sera prolongée dans le temps puisque le gel hydroalcoolique élimine 99,99% des micro-organismes. Ils ont donc une très faible possibilité de proliférer sauf si vous entrez à nouveau en contact avec un surface contaminée.
La désinformation est un grand fléau dans le monde médical. Les études pourtant nombreuses ne sont pas compréhensibles par le commun des mortels. Une personne lambda obtiendra une information souvent par les réseaux sociaux ou par les médias, elle n’ira pas vérifier l’exactitude des données et propagera à son tour ce qu’elle en a retenue. Seulement voilà, plus l’article interpelle plus il a de chance d’être partagé. Nous vous invitons donc à garder un oeil critique sur ce que vous lisez !
- Un rapport sur les Bad Buzz concernant le gel hydroalcoolique le site des professionnels de la promotion de l’hygiène dans le milieu des soins.
- Une campagne d’information et de prévention sur l’hygiène des mains dans les établissements de santé sur le site de la solidarité santé du gouvernement.
Bonjour,
Les virus ne produisent pas de spores, le gel hydroalcoolique est efficace sur tous les virus des gastroentérites (norme 14476).
En revanche, certaines bactéries produisent des spores (comme le Clostridioïdes difficile, qui peut causer des diarrhées – rare et grave). Dommage!
Bonjour,
Nous vous remercions et prenons en compte votre commentaire.
Bonne journée.
Cordialement,
L’équipe Medisafe.